Un entretien avec Cynthia Moreno-Tuohy, BSW, NCACII, SAP, Directrice générale, NAADAC, Association pour les professionnels spécialistes des dépendances, Alexandria, Virginie
Question : Pourquoi est-il important que les membres de la famille des alcooliques reçoivent de l’aide?
Réponse : Que l’alcoolique reçoive un traitement ou maintienne la sobriété ou non, la famille doit progresser vers le rétablissement. Quand les membres de la famille reçoivent de l’aide et de l’information, ils sont capables de fournir un système de support et aider à construire un filet de protection à la maison pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Chaque membre de la famille devrait savoir qu’il y a de l’aide.
En tant que professionnels spécialistes des dépendances, notre protocole consiste en partie à observer ce qui se passe dans la famille. Nous ne voulons pas oublier la famille. Il est essentiel que les membres de la famille participent à la soirée d’information ou à un programme de traitement pour la famille, s’il y en a un au centre de traitement. On y parle également d’Al-Anon.
Si l’alcoolique est ou a été en traitement, il est important que la famille comprenne que le traitement ralentit la progression de la dépendance, mais ne la guérit pas. Le rétablissement est un processus quotidien et progressif, aussi bien pour les alcooliques que pour les membres de leur famille.
Question : Il n’est pas rare que les nouveaux venus dans Al-Anon s’interrogent sur ce qui a provoqué l’alcoolisme. Ils veulent identifier comment, quand, où et pourquoi leur être cher a « contracté » un problème de consommation d’alcool.
Réponse : Aujourd’hui, nous savons que la maladie de l’alcoolisme ou la toxicomanie sont génétiques et que nous verrons un transfert intergénérationnel des dépendances au sein des familles. Nous savons également que l’alcoolisme a des racines dans les causes environnementales telles que les comportements inappropriés, l’insuffisance parentale et les faibles compétences de communication au sein d’une famille au cours d’une ou plusieurs générations. De ce fait, le problème de la consommation d’alcool peut être une combinaison de l’inné (causes génétiques) et de l’acquis (causes environnementales, psychologiques, sociales, ou culturelles).
Question : Recommanderiez-vous que les conseillers et les thérapeutes dirigent les membres de la famille vers Al-Anon?
Réponse : Tout à fait! La première étape pour les membres de la famille est de comprendre qu’ils n’ont aucun pouvoir sur l’alcoolisme du buveur. Ils doivent apprendre quels problèmes et quels actes ils peuvent et ne peuvent pas ignorer.
Question : Dans quelle mesure assister aux réunions Al-Anon est-il bénéfique aux membres de la famille?
Réponse : Lorsque la famille, ou toute personne proche du buveur commence dans le programme Al-Anon, ils doivent tout d’abord se concentrer sur eux-mêmes. Ensuite, ils peuvent commencer à apprendre certaines des techniques et meilleures façons d’approcher le membre de la famille qui est alcoolique. La famille commence à se rétablir et peut trouver le soutien dont elle a besoin en assistant aux réunions Al-Anon.