À l’époque où mon fils était dans le secondaire, me donnant une multitude de raisons de m’inquiéter, je passais une grande partie de mon temps sur ce que j’appelais « le bus de l’inquiétude ». C’était un bus relativement large qui pouvait contenir une grande partie des membres de ma famille et de mes amis.
À l’avant, il y avait une bannière montrant la destination, et celle-ci pouvait changer en l’espace d’une seconde. Nous avions l’habitude de nous « entasser » dans le train pour décider la destination. Une première destination pouvait être : « Finira-t-il six pieds sous terre ou finira-t-il en prison? » Et nous discutions de toutes ces possibilités dans la plus profonde détresse. Quand il se faisait arrêter, la destination de notre bannière changeait immédiatement : « Se présenterat-il le jour de sa comparution? », puis « Acceptera-t-il la décision du juge? », et enfin : « Survivra-t-il en prison? »
Le bus n’était jamais en retard, et il y en avait toujours un autre si je ratais le premier. Après quelque temps dans Al-Anon, j’ai commencé à mieux comprendre ce que signifiait « se détacher avec amour ». J’en suis arrivé à un point où j’ai refusé de prendre le bus. Ma famille et mes amis se penchaient en dehors des fenêtres, complètement atterrés : « As-tu baissé les bras en ce qui concerne ton fils? », « Que se passe-t-il? » Pourtant, plus que jamais, je ressentais une grande dose d’amour et de soutien envers mon fils. J’avais une clarté d’esprit et une foi qui étaient gérables, une révélation à la fois.
Sans mon état d’inquiétude constant, je n’avais plus l’impression que mon amour était dissous par des conditions et des attentes. Au contraire, mon amour était plus fort et « détaché ». Cet amour est devenu un cadeau qui avait plus de valeur pour mon fils que l’inquiétude.
Par Kirk F., Californie
The Forum, janvier 2017